L’entrevue motivationnelle est un élément essentiel et incontournable à l’accompagnement parental, mais également difficile. Il peut sembler banal que je te propose de poser tout plein de questions à un parent ou un soignant, particulièrement si les questions directes ne sont pas acceptées dans la culture de la famille en question.
Ce que j’aimerais souligner tout d’abord c’est que l’entrevue en soit est dynamique car savoir quelles questions poser et à quel moment est une habileté qui se développe au fil du temps. Même les orthophonistes aguerries tirent bénéfices d’un développement continue de ces habiletés.
Voici donc les ingrédients clés pour guider les échanges entre le coach et le parent – des piliers pour une alliance thérapeutique.
Les questions ouvertes
Le coach pose des questions pour obtenir des informations de l’apprenant, son point de vue, pour clarifier/confirmer des informations partagées, ou encore pour amener de l’avant les connaissances et les habiletés du parent (empowerment). Ici nous voulons adopter une posture d’apprenant. Nous posons des questions pour en apprendre davantage sur la famille, les dynamiques familiales, les croyances, les valeurs, et on se sépare de l’ancienne posture du thérapeute étant la figure d’autorité. On veut donc chercher à redonner du pouvoir aux familles et leur montrer que nous sommes égal à égal.
P.ex. Quelles sont les priorités pour le parent, l’enfant, la famille; Quels objectifs il voudrait cibler?; Comment est-ce que le parent perçoit la communication de son enfant?; Le parent vous dit qu’il aimerait que son enfant parle, alors vous posez des questions du type “À quoi est-ce que ça ressemble si votre enfant vous parle, qu’est-ce qu’il vous dit?”; Qu’est-ce que communiquer veut dire pour vous? (parler, pointer, écouter, regarder); Vous sentez-vous à l’aise d’essayer X? Selon vous, quel serait le meilleur moment pour faire X? Quelles ont été les victoires/les défis? Qu’est-ce que vous feriez autrement?
L’écoute active
L’écoute active ce n’est pas simplement l’acte d’entendre, dans cette posture l’accompagnateur tente d’obtenir le point de vue du parent. Le coach démontre une appréciation du point de vue du parent, et il recadre ses inquiétudes ou ses désirs d’un autre point de vue. Le coach va également reformuler ce que le parent lui exprime, et accompagner le parent à entreprendre une stratégie selon le moment présent et les besoins.
P.ex. Le coach pourrait répondre à une inquiétude face à la formule d’accompagnement parental “Vous n’êtes pas orthophoniste, je vous entend, mais par contre vous êtes l’expert de votre enfant, et vous le connaissez le mieux, ensemble nous formons une équipe et je suis là pour vous guider avec mes connaissances sur la communication selon vos besoins et votre réalité.
P. ex. Le coach pourrait reformuler en cours de suivi
“Il a été difficile pour vous d’attendre et de laisser la parole à X sans poser une question ou lui fournir la réponse tout de suite, je comprends. Par contre, ce que j’entend c’est que vous en étiez de plus en plus conscient, alors on voit déjà qu’il y a des changements qui se passent.
Que pensez-vous qui pourrait vous aider à attendre? (selon la réponse du parent) Je vous propose alors deux stratégies pour vous aider à attendre :
- Vous pouvez afficher un mot de rappel à l’endroit où vous jasez le plus avec X
- je vous propose de choisir un mot comme “ordinateur” que vous allez compter silencieusement dans votre tête 5 fois “ordinateur, ordinateur, ordinateur, ordinateur, ordinateur” – maintenant si vous êtes à l’aise, allez-y et choisissez un mot et je vais vous inviter à l’écrire pour vous en souvenir
L’adaptation
On peut voir dans les deux premiers piliers de l’entrevue dynamique que certaines questions surviendront dans une entrevue initiale, tandis que d’autres se retrouveront dans des rencontres subséquentes. Il faut donc savoir s’adapter en cours de route, et je vous garantie que le résultat escompté sera une alliance thérapeutique de béton.
Le fait de reconnaître humblement que nous sommes nous aussi en situation d’apprentissage par rapport à l’enfant, sa famille, sa culture, ses valeurs permet de retrouver cette égalité entre l’accompagnateur et le parent et de bâtir cette confiance peu importe le style parental et l’ouverture au départ. L’accompagnement parental doit être adapté en cours de route selon les besoins changeants familiaux, et si le parent se sent entendu le pont entre les différences culturelles se forme naturellement.